13/02/10 - Armand Lévy
« Il était une fois les juifs du Maroc » ; (aux Editions de L'Harmattan, 1995 et 2010) Conférence d'Armand Lévy.
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Armand Lévy, membre du conseil d'administration de l'ASPCJE, est juif du Maroc et originaire de Mogador. Il a écrit un livre fort intéressant sur les juifs marocains, qu'il est venu nous présenter et dont nous donnons ici un aperçu.
Une donnée essentielle concernant les juifs du Maroc est leur ancienneté dans le pays, qui remonte au moins à +70, date de la destruction du deuxième temple de Jérusalem par les romains. Arrivés au Maroc à cette époque, les juifs judaïsèrent certaines tribus autochtones berbères.
Depuis l'arrivée des arabes au 7ème siècle, ils vécurent désormais en pays musulman et connurent avec les musulmans une grande symbiose culturelle (langue, musique, cuisine). Avec des hauts et des bas, leur existence - dit Armand Lévy - ne fut « ni un enfer ni un paradis ».
Citons les grandes dates de l'histoire des juifs du Maroc depuis le 7ème siècle :
En 1391 et 1492, il y eut un grand afflux de coreligionnaires chassés d'Espagne qui devinrent une composante essentielle du judaïsme marocain. Dès le 16ème siècle, on assista à l'essor d'une grande classe de commerçants juifs, notamment à Mogador. On les appellera au 19ème siècle les « Tajers al Soltan » (Les commerçants du Sultan).
1862 sera une date essentielle, avec la création des premières écoles de l'Alliance Israélite Universelle, qui marqueront le départ de la francisation d'importantes couches des populations juives.
Le protectorat français dès 1912 s'accompagnera de mutations économiques et sociales et de transformations dans la condition juive en particulier sur le plan commercial.
Arriva la deuxième guerre mondiale, avec au début la présence du gouvernement de Vichy qui chercha à brimer les juifs marocains, mais le sultan Mohamed ben Youssef s'y opposa fermement.
La création de l'Etat d'Israël en 1948 suscita un très important départ des juifs du Maroc et particulièrement au sein des couches populaires. Leur intégration ne fut pas au départ facile.
Avec l'accession du pays à l'indépendance, en 1956, les juifs connurent au début une véritable période d'ouverture, suivie malheureusement d'une période plus négative sous l'influence de certains partis de gauche. Un certain redressement de la situation eut lieu par la suite.
Sur une population maximale de 300.000 juifs il ne subsiste aujourd'hui dans le pays que 2000 personnes dont la situation est satisfaisante. Leurs liens avec les juifs de la diaspora sont importants. Ceux-ci reviennent d'ailleurs souvent au Maroc.
Et notre ami Armand Lévy de conclure : « Tout juif va au Maroc quand il veut et comme il veut ».